Article publié le 24-mai-12
L'élection présidentielle 2012 a rendu son verdict et François Hollande est désormais le nouveau Président de la République. Nous vous proposons une analyse rétrospective sur les publications des instituts de sondages au cours des derniers jours avant le scrutin... Quel jugement peut-on porter sur la fiabilité des sondages au vu des résultats de l'élection réelle ? Peut on, ou faut il croire les sondages ? Voici quelques éléments de réponse...
Au cours de la campagne pour les présidentielles, les indications données par les sondages ont été maintes fois mises en doute et même souvent présentées comme fantaisistes par les candidats ou les partisans des candidats espérant obtenir un meilleur score. L'élection étant passée, il n'est pas inintéressant de se livrer à une rapide analyse afin de juger de la pertinence des tests réalisés par les instituts.
En ce qui concerne le premier tour, force est de constater que les sondeurs ont plutôt bien réussi à évaluer le poids électoral des deux candidats les mieux placés. Les sept derniers sondages, réalisés par Ipsos, Harris, CSA, BVA, Ifop et TNS Sofres, entre le 18 et le 20 avril, situaient en moyenne François Hollande à 28,2 % (contre 28,6 % à l'élection réelle) et Nicolas Sarkozy à 26,2 % (contre 27,2 % au scrutin réel), ce qui représente un écart de 0,4 point en moins pour le premier et de 1 point, toujours en moins, pour le second. L'ordre d'arrivée annoncé s'est révélé juste et le différentiel prévu entre les deux candidats a également été relativement bien anticipé (2 points d'avance pour François Hollande dans les sondages contre 1,4 point au final à l'élection réelle).
Les sondeurs dans leur ensemble ont aussi très convenablement déterminé les scores qu'allaient atteindre les candidats qui recueillaient une faible part des intentions de vote. Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Eva Joly, Nicolas Dupont-Aignan et Jacques Cheminade ont obtenu des pourcentages de voix tout à fait conformes à ceux dont ils étaient crédités dans les sondages des derniers jours. Le léger décollage de Nicolas Dupont-Aignan et de Philippe Poutou dans les deux dernières semaines a notamment été clairement perçu. Nicolas Dupont-Aignan se situait à une moyenne de 1,71 % sur les sept derniers sondages et il a obtenu 1,79 % des voix, Philippe Poutou quant à lui finissait placé à 1,3 % en moyenne dans ces mêmes tests et finalement, 1,15 % des électeurs qui se sont exprimés ont glissé son bulletin dans l'urne.
Pour les trois candidats restants, l'écart entre les scores annoncés par les dernières enquêtes et les résultats obtenus à l'élection s'est révélé plus important en proportion. Les sept derniers tests effectués créditaient en moyenne François Bayrou de 10,3 % des intentions de vote alors qu'en définitive 9,13 % seulement des électeurs ont voté pour lui, soit un déficit de plus de 10 % en total de voix par rapport à ce qui pouvait être attendu. On observe un écart encore plus important pour Jean-Luc Mélenchon à qui les sondages des derniers jours accordaient encore une moyenne de 13,5 %, alors qu'il a finalement obtenu 11,1 % des suffrages - Un "trou" en total de voix de près de 18 % par rapport aux estimations. Le score de Marine Le Pen a été au contraire nettement sous-évalué. On lui attribuait un "crédit" de 15,9 % des voix en moyenne sur les trois derniers jours de tests publiés et elle a finalement rassemblé 17,9 % sufrages exprimés, soit un total de voix de 12,6 % supérieur à ce que les sondages laissaient présager. Certes les différences sont notables mais si l’on observe séparément ces trois cas où les enquêtes d'opinion se sont avérées moins précises, on constate cependant que le décalage entre les estimations et les scores à l'élection réelle n'est pas véritablement démesuré. L'amorce d'un tassement avait du reste été perçue pour le candidat du Front de gauche.
Les fluctuations de l'opinion ont été importantes au cours de la campagne: La moitié des électeurs ont modifié leur choix électoral au cours des six derniers mois ! Une enquête intitulée "Présidoscopie 2012" a été conduite de novembre 2011 à mai 2012 par Ipsos et Logica Business Consulting, pour le Cevipof, la Fondapol, la Fondation Jean Jaurès et le journal Le Monde. Elle visait plus particulièrement à mettre en lumière la manière dont évoluaient des intentions de vote au cours de la période préélectorale. Neuf tests ont été successivement réalisés sur un échantillon toujours supérieur à 4000 personnes, et donc relativement fiable. Cette étude a montré qu'environ un électeur sur deux a changé d'intention de vote au cours de cette période ! Et François Hollande serait apparemment le plus concerné par ce mouvement de glissement permanent de l'électorat d'un candidat vers un autre, ou de l'abstention vers le vote ou encore l'inverse. Or, paradoxalement on constate que le pourcentage d'intentions de vote dont les sondeurs créditaient le candidat du PS a relativement peu varié, hormis pendant le mois qui a suivi les primaires. Un tel phénomène montre combien le travail des spécialistes de l'analyse électorale était particulièrement ardu pour cette élection.
Quant au duel final, tout le monde a évidemment observé que la victoire de François Hollande a été plus courte que ce que les sondages avaient annoncé pendant de longs mois. Toutefois, il convient se signaler, à la décharge des sondeurs, que ceux-ci avaient assez bien perçu le resserrement des courbes d'intentions de vote dans les derniers jours. Les sept tests réalisés entre le 1er et le 4 mai ne créditaient plus en moyenne François Hollande que de 52,7 % des voix contre 47,3 % à Nicolas Sarkozy, alors que le candidat socialiste était encore régulièrement situé à 54 – 55 % la semaine précédente. Trois sondeurs, Opinion-Way, Ipsos et BVA ramenaient déjà le 3 mai le rapport de force à 52, 5 / 47,5, et le dernier sondage Rolling d'Ifop le 4 mai donnait 52 – 48 ! On peut donc légitimement imaginer que les résultats des sondages du 5 mai, interdits de publication, étaient probablement très proches de la réalité du scrutin.
L'écart maximum constaté entre prévisions et resultats a été de 2,4 points (Jean Luc Mélenchon) pour le scrutin présidentiel 2012. Une marge d'erreur somme toute assez faible... Alors faut il croire les sondages ? Oui à priori... En conservant toutefois à l'esprit que les diverses enquêtes publiées ne sont que des instantanés de l'opinion ... Une opinion qui peut varier très vite.
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