Article publié le 24-oct-12
L'élection présidentielle américaine se déroulera le 6 novembre prochain. Elle oppose le président sortant démocrate Barack Obama et le Vice Président Joe Biden aux républicains Mitt Romney et Paul Ryan. La campagne a été particulièrement âpre: Les démocrates et les républicains se sont affrontés à grand renfort de vidéos et spots télé destinés à saper l'image du concurrent. Mais les trois temps forts furent indéniablement les débats entre Obama et Romney.
Alors que le candidat républicain était donné largement battu fin septembre dans une majorité de sondages, sa bonne performance lors du 1er débat télévisé l'a totalement remis en selle. Il est en effet apparu à l'aise et souriant, vif et incisif dans ses réparties... A l'inverse le président sortant a donné l'impression d'être bien peu à son aise et souvent sur la défensive. Une posture de retrait confinant presque à l'apathie, écornant sérieusement l'image de l'homme dynamique, alerte et souriant qui lui avait permis de remporter les primaires démocrates et le scrutin présidentiel en 2008. Les sondages ont immédiatement marqué un changement de tendance en validant à l'unisson la remontée rapide de Mitt Romney... Une progression nette et franche le positionnant dans certaines enquêtes d'opinion comme vainqueur.
Si la première joute entre les deux hommes a tourné nettement à l'avantage du candidat républicain, la seconde a été en revanche plus favorable au candidat démocrate. Obama pugnace et sur de son fait a clairement malmené un Mitt Romney combatif mais moins tranchant.
Selon un sondage effectué pour CBS/GFK-Knowledge, avant le second débat qui a opposé les deux adversaires, 52 % des sondés déclaraient ne pas avoir encore définitivement décidé pour quel candidat ils allaient voter. Et parmi ces indécis, 27 % pensaient qu'ils voteraient Romney s'ils changeaient d'avis contre seulement 19 % qui pencheraient finalement pour Obama. La répartition des votes d'indécis semblait donc devoir pencher clairement en faveur de Romney. Au cours du débat, la répartition des choix exprimés par les mêmes personnes interrogées s'est sensiblement modifiée : en cas de changement d'avis, elles étaient 36 % à envisager de voter Obama et 33 % estimaient possible de se reporter finalement sur Romney. 29 % restaient toujours indécises et n'indiquant aucune hypothèse d'évolution de leur intention de vote. Léger avantage cette fois à Obama donc. Néanmoins, il convient de relativiser la pertinence de ces résultats puisque cette enquête n'a été effectuée que sur un échantillon de 523 personnes.
Quoi qu'il en soit, la plupart des commentateurs politiques américains indépendants estiment que, contrairement à ce qui avait été observé lors du premier face à face, c'est plutôt Obama qui a pris, au cours du second duel, l'avantage sur son adversaire. Il a su mettre l'accent sur des points susceptibles de discréditer Mitt Romney aux yeux des électeurs, notamment le taux d'imposition étonnamment bas de son challenger et la séquence vidéo visible sur internet dans laquelle celui-ci affirmait que 47 % des américains qui comptaient exagérément sur l'aide de l'Etat ne méritaient pas qu'on s'occupe d'eux. Le Président sortant a également rappelé le plan d'aide vigoureux et efficace qu'il a lui-même mis en œuvre pour soutenir l'industrie automobile, et la réussite de l'opération d'élimination menée contre Ben Laden. Et il a même bénéficié du soutien de la présentatrice du débat lorsqu'il a affirmé qu'il avait parlé d'un "acte terroriste" dès le lendemain de l'attentat contre le consulat de Benghazi, alors que son adversaire républicain prétendait qu'il ne l'avait fait que quatorze jours plus tard. Pour autant, Mitt Romney n'a pas été laminé par son rival. Il n'a pas manqué de souligner avec fermeté les points faibles du bilan de celui-ci en dressant l'inventaire d'un certain nombre de promesses non tenues, en particulier en ce qui concerne la réduction du déficit public, la réforme des lois concernant l'immigration, et la résorption du chômage. Il lui a évidemment reproché également le coût exorbitant de sa réforme du système de santé pour les finances de l'Etat. Pour l'heure, la réélection du Président sortant demeure aléatoire.
Le dernier débat portant sur la politique étrangère des Etats Unis, un terrain souvent plus favorable au camp démocrate qu'au camp républicain. Barack Obama s'y est montré particulièrement à son aise et a largement remporté le duel...
Le président sortant n'a eu de cesse de railler Mitt Romney sur ses déclarations le présentant comme dépassé ou démodé. Ainsi alors que le candidat républicain déplorait la diminution du nombre de batiment composant la flotte navale américaine, il lui a répondu:
«Vous dites qu'on a moins de navires mais on a aussi moins de chevaux et de baïonnettes. Mais aujourd'hui on a des bateaux qui vont sous l'eau que l'on appelle sous-marins, nous avons des bateaux qui vont sur l'eau, que l'on appelle des porte-avions...».
Ou sur les menaces extérieures pour les Etats Unis: «Il y a peu de temps vous disiez que c'était la Russie la première menace des Etats-Unis. Mais la guerre froide est terminée !»
S'il est incontestable que Barack Obama a remporté cette dernière confrontation il n'est pas certain que celle ci est un fort impact sur les sondages, l'opinion publique américaine ne plaçant pas cette thématique comme élément essentiel de la campagne.
Alors quelles sont les chances de chacun de l'emporter ? Cela parait bien difficile à déterminer même si une tendance légèrement favorable à Obama pourrait se dessiner.
Certains instituts de sondage diffusent en effet des estimations contradictoires. Ainsi, selon un sondage ABC News/Washington Post du 18 octobre, Barak Obama sortirait vainqueur de l'élection avec trois points d'avance sur Romney. Trois jours plus tard, celui de l'institut IBD/TIPP crédite même Barack Obama d'une avance de 6 points à l'échelle nationale (47,9 % contre 42,2 %). A l'inverse, selon l'étude réalisée par Gallup et publiée également le 18 octobre, Romney devancerait le locataire actuel de la Maison Blanche de sept points (52 % contre 45 %) ! Autre exemple de disparité, une enquête réalisée pour Fox News accorde trois points d'avance à Romney en Floride, Etat dont le résultat est souvent déterminant, alors qu'un autre test effectué pour CNN y donne les deux adversaires quasiment à égalité (49 % pour Romney et 48 % pour Obama, soit un écart inférieur à la marge d'erreur).
Par contre, d'autres instituts apparaissent d'avantage en accord mais montrent alors les deux adversaires au coude à coude. D'après le site Real Clear Politics la moyenne des sondages placerait Romney devant Obama mais avec un avantage de moins d'un point. Public Policy Polling annonce pour l'instant une arrivée des deux candidats à égalité avec 48 % et selon ce sondeur, le challenger républicain séduirait davantage les indépendants (51 % contre 41 %). L'enquête d'opinion effectuée pour le Wall Street Journal et NBC sortie le 21 octobre vient confirmer cette lutte serrée en situant les deux concurrents à égalité avec 47 % des suffrages chacun. Et, constatation inquiétante pour les démocrates, l'avance d'Obama aurait tendance à diminuer dans l'électorat féminin (51 % contre 43 %). On remarque également, mais cela est traditionnel que le candidat démocrate est très largement distancé dans un certain nombre d'Etats du Sud. Il n'est pas inutile de préciser à ce stade que la méthode appliquée pour constituer les échantillons de sondés varie sensiblement d'un institut à l'autre. Les sondeurs s'efforcent en effet de composer leurs échantillons et dosant la proportion de sympathisants démocrates, républicains et d'indépendants en fonction de l'état de l'opinion au moment de l'enquête. Une part de subjectivité intervient forcément dans cette évaluation. Par ailleurs, certaines enquêtes s'adressent uniquement à des électeurs déjà inscrits alors que d'autres portent sur les électeurs "potentiels", incluant alors ceux qui s'inscriront peut-être au dernier moment sur la liste électorale, ce qui est possible aux Etats Unis.
Le Président semble toutefois conserver une avance, souvent un peu plus conséquente, dans des Etats dont le résultat est généralement décisif. Différents sondages récents s'accordent pour le placer en tête dans l'Iowa (51 % contre 43 %), l'Ohio (51 % contre 45 %), le Nevada (50 % contre 46 %), le Colorado (50 % contre 47 %) et le Wisconsin (50 % contre 46 %), Etats à forte population. Or, il ne faut pas oublier que l'élection présidentielle américaine ne s'effectue pas au suffrage universel direct mais qu'il faut être vainqueur dans un nombre suffisant d'Etats pour bénéficier du vote d'au moins 270 grands électeurs. Et le nombre de grands électeurs que rapporte la victoire dans un Etat varie considérablement en fonction de l'importance en population de cet Etat.
D'autres indicateurs apparaissent également plutôt favorables à Obama. Le vote anticipé est possible aux Etats Unis, soit dans des bureaux de vote déjà ouverts soit par correspondance, et il est couramment pratiqué. Le Président lui-même votera en avance le 25 octobre. Evidemment, le dépouillement ne commencera que le 6 novembre au soir cependant des sondages donnent déjà quelques informations sur les 2,8 millions d'Américains qui ont déjà voté : la participation des démocrates serait pour l'instant plus importante et une majorité des électeurs ayant déjà voté auraient choisi le camp démocrate. D'autre part, tous les sites internet de paris sur les élections reflètent assez nettement une anticipation de la victoire d'Obama pour une majorité de parieurs : ceux-ci sont en effet plus de 60 % à miser sur son succès.
Obama semble déterminé à continuer sur sa lancée du second et du troisième duel. Lors d'une étape de campagne électorale sur un campus universitaire de Virginie, il a ironisé en évoquant une maladie qu'aurait contractée son challenger, la "romnésie", contraction de "Romney" et "amnésie". Il veut ainsi attirer l'attention sur le fait que la position de Romney sur un certain nombre de sujets s'est sensiblement infléchie depuis les primaires républicaines et qu'il a sérieusement édulcoré son discours, au départ très conservateur, en ce qui concerne la contraception, l'avortement, l'égalité de salaire entre les hommes et les femmes. Le Président s'est gaussé avec humour et sans ménagement de son adversaire : "Monsieur Conservateur veut que vous pensiez qu'il était en train de plaisanter à propos de tout ce qu'il a dit l'année passée." Il cherche bien sûr à présenter Mitt Romney comme un personnage tout à la fois versatile, inconséquent, et surtout manœuvrier. Et peut-être aussi à inciter certains ultras conservateurs à l'abstention !
Quant à Mitt Romney, il n'a pas hésité au cours d'une réunion téléphonique à mobiliser les chefs d'entreprise, majoritairement républicains, en les incitant à indiquer clairement à leurs employés quel candidat avait leur préférence, et quelles conséquences pour leur avenir pouvait entraîner un résultat peu souhaitable lors de l'élection présidentielle. Et il a exprimé son espoir que ceux-ci sachent se montrer convaincants. Certains dirigeants de société ont fait diligence en envoyant à leurs salariés un mail qui laissait entendre que l'élection d'Obama mettrait en péril leur emploi.
Obama ou Romney ? Verdict pour les élections américaines le 6 novembre dans la nuit... Si la Cour Suprême de Floride ne s'en mêle pas.
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