Article publié le 02-mai-12
Le débat présidentiel vient de s’achever et les deux candidats ont logiquement campé sur leurs positions. Après un préambule stérile concernant les propos tenus par les équipes respectives lors des dernières semaines de campagne ou les soutiens exprimés par la Présidente du Medef et par le Président de la CGT, les deux candidats ont débattu sur les problèmes de fond.
Nicolas Sarkozy a défendu son bilan et tâché de souligner la nécessité de garder une ligne de conduite forte dans la politique de réduction des déficits. Il a également défendu ses propositions en faveur de la baisse du coût du travail et fait du retour à la compétitivité son cheval de bataille pour l’économie française. Le Président sortant a insisté en filigrane sur l’importance de l’existence d’une bonne relation entre la France et l’Allemagne.
De son coté François Hollande a fustigé le bilan du Président sortant soulignant notamment l’augmentation du chômage, la dégradation de l’environnement économique en général et l’augmentation importante de la dette. Le candidat PS a aussi mis l’accent sur la nécessité de la mise en place d’un réelle politique de croissance et énuméré une série de mesures relatives au soutien de l’emploi et de l’économie.
Il est difficile de trancher à chaud sur le vainqueur du débat, si vainqueur il y a... Les toutes premières minutes furent à priori légèrement à l’avantage de Nicolas Sarkozy qui apparaissait au départ plus naturel ou moins tendu que François Hollande. Mais les choses se sont ensuite nettement compliquées pour le Président sortant entrainé par le candidat socialiste sur le terrain de la justification délicate de son bilan. La première demi-heure passée, les deux protagonistes ont trouvé leurs marques en martelant les propositions de leur programme respectif et en fustigeant les propositions de l’adversaire. L’un des points de discorde les plus détaillés fût la proposition du candidat socialiste d’embauche de 60.000 fonctionnaires en 5 ans dans l’éducation nationale – Sur ce point précis les arguments ont paru également percutants de chaque coté. Concernant l’économie et la fiscalité, les propositions de François Hollande ont peut être été plus clairement exprimées mais Nicolas Sarkozy a semblé reprendre la main sur la gestion de la crise et l’Europe. L’immigration a été l’objet d’une opposition frontale et chiffrée dans laquelle Nicolas Sarkozy est apparu nettement plus incisif que son opposant clairement moins à l’aise sur cette thématique. Le sujet du nucléaire n’a pas été véritablement clivant – le principal point d’achoppement étant la fermeture de Fessenheim. La fin du débat fut assez fastidieuse car très décousue… Les invectives furent en effet plus nombreuses que les questions et les réponses de fond… La politique étrangère fut rapidement traitée sans véritable opposition. Quant à la conclusion, elle fut pour François Hollande l’occasion d’insister sur le changement qu’il incarne en tentant de rassurer sur les turbulences politiques et financières que son élection pourraient engendrer au niveau européen alors que Nicolas Sarkozy a choisi d’adresser un message direct aux électeurs de Marine Le Pen et à ceux de François Bayrou en mettant en avant sa détermination à combattre l’immigration et à réduire la dette.
Ce débat qui a été parfois très animé, a semblé relativement équilibré mais Nicolas Sarkozy est peut être apparu dans l’ensemble légèrement plus tranchant que François Hollande. Suffisamment pour inverser la tendance et faire mentir les sondages qui le donnent perdant … Rien n’est moins sur.
Rarement un débat a fait basculer une élection. Et les observateurs politiques évaluent généralement à 500.000 le nombre de voix susceptibles de changer de camp suite à cette joute télévisuelle. Ce chiffre est bien sur sujet à caution. En se basant sur cette estimation l’enjeu chiffré du débat serait donc de 1.5 point ce qui serait à priori insuffisant pour permettre au Président sortant de rattraper son retard (46.5% dans les derniers sondages).
Le principal enjeu de ce débat était finalement le report des voix de François Bayrou et de Marine le Pen… La conclusion du candidat UMP ne laisse, à ce titre, aucune place au doute. En se montrant plus percutant sur la thématique de l’immigration Nicolas Sarkozy peut espérer une augmentation des reports de voix du Front National mais les échanges sur l’éducation (Thématique chère à François Bayrou) et sur l’économie pourraient convaincre plus de sympathisants du Modem de choisir François Hollande. Dans quelles proportions se feront ces reports ? C’est toute la question.
Le débat a donné lieu à quelques passes d’armes ou petites phrases chocs… Morceaux choisis :
- « L’Allemagne que vous citez en exemple fait exactement le contraire de la politique que vous proposez aux Français. Je veux m’inspirer de ce qui marche et non de ce qui ne marche pas […] Monsieur Hollande l’Allemagne fait mieux que nous et vous ne prenez aucune des mesures appliquées en Allemagne. »
- « La France est le seul pays d’Europe à avoir gardé l’impôt sur la fortune. Je n’ai pas voulu le supprimer car j’ai souhaité que ceux qui gagnent davantage payent davantage … 93% du paquet fiscal c’est pour les classes moyennes et les classes défavorisées.»
- « La France est avec la Suède le pays d’Europe qui a les impôts les plus lourds, … Vous voulez moins de riches moi je veux moins de pauvres. Vous voulez quoi Monsieur Hollande ? Que tout le monde parte ?»
- « Ce n’est pas le concours de la petite blague Monsieur Hollande »
- « La vérité c’est que votre proposition pour la croissance, il n’y a pas un pays qui fait ce choix, c’est plus d’impôts et plus de taxes.»
- « J’aimerais savoir comment vous allez faire pour réduire les déficits en augmentant toutes les prestations ? […]Vous dites que vous allez faire des économies et vous commencez par promettre aux syndicats la création de 61.000 postes »
- « Permettez moi de vous dire que dans votre volonté de démontrer l’indémontrable, vous mentez ! »
- « [Vos propositions d’embauche de 60.000 fonctionnaires] c’est encore une fois le laxisme et la folie dépensière »
- « Monsieur Zapatero est le seul Chef d’Etat qui vous a reçu … »
- « Sur les traités Monsieur Hollande invente le fil à couper le beurre… »
- «La France traite mieux les musulmans en France que les Chrétiens en Orient…»
- « Vous n’avez aucun objectif chiffré sur l’immigration !»
- « Vous avez vendu les ouvriers de Fessenheim pour un accord politicien »
- « La vérité elle est là, elle vous gène, le nucléaire ne pose aucun problème de sécurité en France. »
- « Monsieur Hollande, votre normalité elle n’est pas à la hauteur des enjeux »
- « Je considère moi que quand on est Président de la République on est Président de tous les français même ceux qui n’ont pas voté pour vous »
- « Moi je veux m’adresser à tous les français qui n’ont pas voté pour moi au 1er tour, je veux m’adresser à ceux qui ont voté Marine Le Pen, je veux leur dire : Je vous respecte, je vous considère … Je veux parler aux électeurs de François Bayrou: Je considère qu’un pays qui ne rembourse pas sa dette, ce n’est pas un pays. Je veux dire à tous ceux qui se sont abstenus qu’ils ne laissent pas les autres décider à leur place. Nous sommes dans un monde dangereux, un monde où il faut savoir tenir un cap. »
- « Vous n’êtes pas là pour dire ce que je sais ou ce que je ne sais pas. Vous n’êtes pas là pour donner des notes »
- « Avec vous ce n’est jamais de votre faute… Vous avez toujours un bouc émissaire. Vous aviez dit 5% de taux de chômage c’est finalement 10% mais c’est à cause de la crise …»
- «[Avec votre projet] Il n’y aura plus de durée légale du travail… Plus d’heures supplémentaires. »
- « Ce qui est extraordinaire que vous êtes toujours content de vous. »
- «Les Etats-Unis ont fait mieux, l’Allemagne a fait mieux, vous ne pouvez pas dire que la France s’en soit tirée mieux que les autres. Ce n’est pas vrai !»
- « Ma proposition c’est que les salaires puissent être indexés sur la croissance. A chaque fois que la croissance sera là, le smic sera augmenté »
- « Cette dette publique que nous avons, que nous allons honorer car nous allons prendre en charge votre héritage fiscal, elle est liée à vos cadeaux fiscaux … Les niches fiscales, qui ont été pour les contribuables les plus aisés un moyen d’échapper à la progressivité de l’impôt, seront limitées à 10.000 euros.»
- « Vous avez inventé le bouclier fiscal, et donc de permettre que les plus fortunés contribuables, reçoivent un chèque du trésor public … Moi la politique que je recommande c’est que les plus gros contribuables fassent des chèques au trésor public»
- « C’est vous qui êtes au pouvoir depuis 10 ans, ce n’est pas moi… et quand vous dites que nous avons les plus importants niveaux de prélèvements obligatoires c’est à vous qu’il faut le dire pas à moi … Vous avez augmenté les impôts de tous les Français et fait des cadeaux aux plus riches…»
- « L’Europe ne s’en est pas sortie. Elle est confrontée à une possible résurgence de la crise … et je n’en veux pas … »
- « Sous ma présidence, il n’y aura aucune concession faite à la laïcité … Je vous l’affirme ici, la loi sur la Burqa sera appliquée… »
- « Vous êtes pour le tout nucléaire, moi je suis pour une position intermédiaire car c’est la plus intelligente »
- « Ce débat a été utile, il a montré des différences… nous n’avons pas le même projet … Moi je veux changer, changer de politique, changer de méthode, changer de démarche… est ce que les Français veulent continuer une politique qui n’a pas marché ? Je ne veux pas que mes compatriotes prennent ce risque là mais c’est à eux d’en décider… Je veux que l’éducation soit la grande priorité. La seconde exigence c’est la justice, elle a manqué ces 5 dernières années. Enfin je veux rassembler tous ceux qui sont attachés aux valeurs de la République. Voila le choix qui est posé pour Dimanche: Continuer avec Nicolas Sarkozy ou changer.»
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Ils occupent et animent la scène politique française depuis des années. Ils font et défont les réformes et sont tour à tour partisans ou opposants selon la couleur de l'hémicycle. Vous les voyez pratiquement tous les jours à la télévision... Mais les connaissez vous vraiment?
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