Article publié le 10-janv-11
Le phénomène est observé depuis plusieurs semaines maintenant… Le Front National réalise une percée durable dans les sondages. D'une enquête d'opinion à l'autre, le FN est actuellement crédité de 13 à 16% d'intentions de vote aux prochaines élections présidentielles. Selon un sondage BVA effectué les 7 et 8 décembre, c'est même 17% des sondés qui envisageraient de voter pour Marine Le Pen (7 % le feraient "certainement" et 10% "probablement"). Plus marquant encore, la sympathie de l’opinion publique pour certains arguments des leaders du FN augmente de façon notable: Dans un sondage du journal Le Monde du 13 décembre, 30% des sondés se déclarent en accord avec Marine Le Pen lorsque celle ci fait le parallèle entre les prières de musulmans sur la voie publique et l’occupation. Enfin, selon le sondage BVA cité précédemment, 43% des personnes interrogées pensent que la fille de Jean-Marie Le Pen a un rôle utile dans la vie politique française.
La classe politique dans son ensemble s’émeut de cette percée du Front National…
A droite, Jean-François Copé a d’ailleurs clairement exprimé mi décembre son inquiétude aux militants UMP: "Je considère que nous sommes en danger du point de vue électoral." Le nouveau Secrétaire Général de l’UMP estime que la meilleure solution est de revenir aux valeurs fondamentales de la droite notamment en faisant preuve de "fermeté" en matière de sécurité et d'immigration. Il s'est d’ailleurs de nouveau montré favorable à la réouverture du débat sur "l'identité nationale". Sa position est cependant loin de faire l’unanimité dans son camp… Certains (Brice Hortefeux notamment) la considérant comme une maladroite justification des critiques répétées du Front National sur l’action du gouvernement. Confirmant la préoccupation de la majorité présidentielle, François Fillon quant à lui déclarait dans ses vœux à la presse le 10 Janvier : "J’ai eu l’occasion de rappeler que le Front National ne doit pas seulement être combattu sur le plan des principes, mais bien sur l’inconséquence de son projet économique et social. Son mélange d’ultra protectionnisme, d’ultra libéralisme et d’ultra étatisme est tout simplement incohérent".
Les déclarations de Marine Le Pen sur les prières de rue à Paris ont également créé un réel malaise à gauche où de nouvelles divergences de point de vue sont apparues quant à la manière d'aborder les questions liées à l'immigration et l’intégration. Nombre de leaders du Parti Socialiste, redoutant qu'une contre-offensive trop vigoureuse ait un effet boomerang favorable à la promotion des thèses du FN, ont choisi de ne pas réagir trop ouvertement. Ainsi Bertrand Delanoë déclare trouver "abjects" les propos de Marine Le Pen, mais il ajoute: "Si nous pouvions dénoncer les paroles de Marine Le Pen sans faire d'écho médiatique, nous le ferions. C'est malheureusement impossible"… Il est rejoint par Laurent Fabius qui précise "Si on ne réagit pas, ça laisse entendre qu'on approuve, si on réagit, on fait un peu leur jeu"… Quant à Ségolène Royal elle choisit d’esquiver le débat en imputant au gouvernement la responsabilité de la montée du FN: "Si le Front National est écouté aujourd'hui, c'est parce que le pouvoir en place n'a pas tenu ses promesses."
Bien sur il est trop tôt pour se livrer à des pronostics sur les résultats de la prochaine élection présidentielle mais le score dont est crédité Marine Le Pen dans les récents sondages est le plus élevé jamais réalisé par le FN à 500 jours d’un scrutin présidentiel… Il se rapproche potentiellement de la barre qualificative pour le second tour (Historiquement entre 17 et 25% des suffrages).
Pour autant ces estimations sont elles crédibles? Les instituts de sondages se sont en effet souvent révélés imprécis dans leurs estimations des intentions de vote pour le Front National : Alors qu’ils n’avaient dans leur grande majorité pas « prévu » la présence de Jean Marie Le Pen au second tour en 2002, la plupart d’entre eux avaient à l’inverse, surévalué le score du leader frontiste en 2007 de 5 à 7 points (Certains sondages accordaient à quelques semaines du scrutin 18 % d'intentions de vote à Jean Marie Le Pen qui a finalement recueilli un peu plus de 10% des voix). Pourquoi de telles variations? L’explication est à priori essentiellement liée à l’origine majoritairement contestataire du vote Front National, la part flottante des sympathisants évoluant rapidement selon l’actualité des dernières semaines avant le scrutin. Prenant en considération un « flottant » de 3pts la fourchette serait alors 12% à 20% des intentions de vote selon les sources...
Le Front National qui s’apprête à désigner un successeur à Jean Marie Le Pen a parfaitement réussi à occuper les avants postes de la scène politique ces derniers mois. Mais le parti devra, pour conserver sa dynamique, œuvrer pour rassembler les forces sympathisantes aujourd’hui divisées en deux camps (Ceux de Marine Le Pen et Bruno Gollnisch) tout en tachant de conserver la main sur ses thèmes de campagne historiques… Un exercice qui pourrait s’avérer difficile.
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