© Marie-Lan Nguyen
Article publié le 08-avr-11
L’analyse des causes expliquant les scores de plus en plus réduits obtenus par Nicolas Sarkozy et la montée du Front National au fil des enquêtes d'opinion fait globalement consensus au sein de la droite. Eric Besson les a résumées ainsi : “Une frange des Français a peur de la mondialisation, a peur de la construction européenne, a peur que l’identité française se dissolve dans le libéralisme européen. Une autre part des Français a peur de l’étranger, de l’islam, d’un certain nombre de conditions de l’intégration.” Jean-François Copé perçoit lui aussi une crainte face à la mondialisation et un sentiment d’insécurité : “Les interrogations face à une crise mondiale, financière, géostratégique, face à des risques liés à des immigrations incontrôlées, les problèmes de violence, tout cela évidemment génère la montée de l’extrême droite.”
Si l’analyse des origines fondamentales de la progression des intentions de vote Front National au sein de l’opinion semble faire consensus, la stratégie à adopter divise profondément les politiques et les sympathisants du parti de la majorité présidentielle et de la droite en général.
Certains, espérant ainsi enrayer la dynamique dont semble bénéficier le FN, cherchent à minimiser le poids politique de ces sondages… Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, on a invoqué la “crise économique et sociale très grave” qu’on vient de traverser, et dont on va “sortir” ou encore “les révolutions arabes” qui inquiètent l’opinion. Bruno Le Maire a assuré “bien mesurer sur le terrain qu’il y a des inquiétudes et des tentations”, mais il semble croire que cette situation n’est que momentanée et il soutient que “les sondages ne se réalisent jamais.” Il se dit persuadé que les électeurs attendent avant tout “un débat droite-gauche, projet contre projet”. Jean-François Copé a voulu rester lui aussi résolument optimiste et a fait remarquer que si on additionne les voix de Nicolas Sarkozy et de Dominique de Villepin, “on arrive près de 29-30 % dans tous les cas de figure”, opération qui sous-entendrait évidemment que le rival potentiel du Président de la République renonce à se présenter. Le secrétaire général de l’UMP a invité son parti à ne pas perdre “son sang froid” et il martèle qu’il faut demeurer “positif”. Il n'a pas hésité à mettre en doute la validité des sondages défavorables au Chef de l’Etat en affirmant que “beaucoup de Français qui déclarent une intention de vote pour le FN ne souhaitent pas la victoire du FN” et que “c’est (seulement) un signal d’alarme.”
Alors que les centristes défendent l’idée de l’expression bénéfique de la diversité au sein de la majorité, les principaux représentants de l’UMP appellent au rassemblement autour d’une candidature unique… Ainsi Jean-Louis Borloo a t’il dénoncé “la stratégie du candidat unique” en ces termes: “Tant qu’il n’y aura pas de diversité visible dans la majorité, tous nos adversaires progresseront, et notamment le FN”. Dominique Bussereau partage ce point de vue et estime que stratégiquement “la candidature de Jean-Louis peut être intéressante pour prendre des voix à la gauche”. Alors que de son coté Bruno Le Maire, a mis en garde la majorité contre le danger inhérent à la multiplication des candidatures : “Il ne faut pas de candidat centriste, il ne faut pas d’éparpillement.” Le Premier ministre lui-même a exprimé à son tour la même crainte dans un entretien accordé au Maine libre : “Le plus grand danger pour la majorité, c’est la division. Imaginez qu’il y ait plusieurs candidats crédibles de la droite et du centre. C’est prendre le risque que la droite ne soit pas au second tour.” Mais l’évocation de cette éventualité a suscité aussitôt la réprobation de Jean-François Copé.
Le débat sur la laïcité défendu par Jean François Copé et fustigé par la Gauche fait également débat à droite et divise profondément la majorité… Alors que le Chef de l’Etat et le secrétaire général de l’UMP y voient un débat démocratique nécessaire qui contribuera à faire baisser les tensions communautaires, nombre de personnalités de premier plan à droite craignent une erreur stratégique favorable à terme au Front National. Ainsi Dominique Bussereau pense que le débat sur la laïcité “est vécu sur le terrain comme un débat sur l’islam”, qu’il est de nature à “nourrir les fantasmes de l’extrême-droite”, et risque de “favoriser le vote extrême”. Laurent Wauquiez de son coté déclare : "Il n'y a pas de débat à avoir sur l'islam, il est évident que l'islam est conciliable avec la République. Il n'y a pas de place, non plus, pour un débat sur la laïcité, car la laïcité n'est pas en débat, c'est le socle du contrat républicain". Le Ministre des Affaires Européennes enfonce le clou en publiant, il y a quelques jours, une tribune dans le journal Le Monde pour demander l’abandon de l’idée du débat sur la laïcité. A noter que la réunion organisée à l’UMP le 5 Avril prochain sur ce thème se fera en l’absence de François Fillon et de Roselyne Bachelot qui ont clairement marqué leurs distances avec le Chef de l’Etat sur le sujet.
La politique d’immigration, thème majeur de campagne du Front National, est également une pomme de discorde au sein de la majorité. Certains refusent en effet d’en faire un terrain de bataille avec le FN et préfèrent déplacer le débat sur les compétences de Marine Le Pen quant aux questions économiques et européennes. Bernard Accoyer, déclare notamment : “L’extrême droite n’apporte pas les bonnes réponses à de vrais problèmes que partagent les Français ... ce n’est pas en expliquant comme le fait l’extrême droite qu’il faudrait sortir de l’Europe, sortir de l’euro, que l’on résoudra les problèmes." D’autres redoutant de voir le parti d’extrême droite confisquer totalement le débat sur l’immigration, n’hésitent pas à monter au créneau et à sortir des sentiers habituellement battus par la majorité… C’est le cas notamment de Chantal Brunel, députée UMP, qui déclare vouloir “remettre dans les bateaux” les migrants “qui viendraient de la Méditerranée” ou encore de Claude Guéant pour qui “les Français, à force d’immigration incontrôlée ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux”.
Il est indéniable que l'audience de plus en plus large recueillie par la Présidente du FN tend à déstabiliser la droite dans son ensemble. Même si la plupart des personnalités politiques (de droite comme de gauche) se refusent à l’admettre publiquement, les sondages sont aujourd’hui des éléments déterminants dans la mise en œuvre des stratégies politiques… Inquiète de voir se réaliser l’hypothèse d’un « 21 Avril à l’envers » la majorité présidentielle tergiverse aujourd’hui en espérant un tassement progressif des intentions de vote FN.
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